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Les couleurs d'une image ont un rôle primordial dans la première impression globale ressentie en la regardant, et un bon usage des couleurs permet d'éviter au spectateur de se lasser trop rapidement.
N'attendez pas de moi que je vous fournisse des recettes toutes faites dans ce domaine. Chaque image est un cas particulier, et tout ce que je peux vous donner, c'est un aperçu des démarches de composition et de choix des couleurs, à partir desquelles vous devrez expérimenter pour y retrouver votre sensibilité.
Beaucoup d'images sont ruinées par l'abus de tons purs de rouge, vert ou bleu. Ils paraissent durs et fatiguants, particulièrement lorsqu'ils sont utilisés ensemble ! Prenons un cas extrême, où trois objets portent respectivement les couleurs rouge, vert, et bleu, et voyons comment, en gardant cette palette, on peut rendre l'image plus intéressante.
Voici la version en tons purs. C'est moche, n'est-ce pas ? Est-ce que vous feriez un tel choix de couleur pour votre cuisine ou votre salon ? Moi pas...
Modifions légèrement les valeurs des couleurs :
Maintenant, repensez à votre salon. Ces trois variantes ont des ambiances différentes, différents niveaux et qualités de tension.
La première est très vive, avec l'abat-jour fuchsia, alors que les autres éléments prennent une note plus neutre.
La deuxième a une touche générale plus neutre, plus calme, avec une sorte de fraîcheur printanière.
La troisième est nettement plus moderne, avec un vert tendre mais flashant.
Vous voyez donc comment de très légers changements de couleur, même dans des cas difficiles, peut changer l'allure d'une image. Dans le processus de création d'une image, c'est parfois une bonne idée de faire un rendu de test rapide, puis, dans un logiciel de dessin, manipuler les couleurs afin d'observer rapidement l'effet d'un changement.
Une palette fantastique est disponible dans le fichier "colors.inc", et cela vaut vraiment la peine de le parcourir et d'expérimenter. Avez-vous vu ce que MediumForestGreen peut apporter à vos créations ?
L'absence de tons purs a un effet secondaire appréciable : une bien meilleure réaction à la compression JPEG.
16 millions de couleurs, c'est beaucoup trop !
Prenons un simple dispositif de formes variées. Pour le moment, elles sont toutes blanches, avec une seule source lumineuse. C'est une bonne idée de commencer ainsi, cela permet de tester la qualité des lumières, des ombres, des masses, des proportions, sans se préoccuper des problèmes de couleurs. | ![]() |
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Il y a dix objets. Nous allons donner, arbitrairement, une couleur à chacun. (Yellow, Gray50, LightBlue, Orange, MediumForestGreen, NeonPink, BrightGold, BakersChoc, Tan, Flesh) Bon. Pas terrible, le résultat. C'est terne, rien n'émerge, on est distrait par des tendances incohérentes, bref, on s'ennuie. |
Essayons quelque chose : un thème orangé, et donc des déclinaisons autour de la couleur orange.(Orange, Tan, Flesh, Orange*.8, DarkTan, Pink, OrangeRed, MandarinOrange, Copper, Orange). Certaines variations sont dominantes, certaines plus sages, une hiérarchie commence à apparaître, les différentes formes sont "virtuellement" liées par l'usage de la couleur. Une ambiance particulière naît. | ![]() |
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Même exercice, avec des nuances de bleu. Une autre ambiance apparaît, les "liens" sont également différents. |
Poussons le principe un peu plus loin, et choisissons deux couleurs distinctes : Orange et Anthracite (gris à 30%). En faisant cela, nous obtenons deux niveaux de hiérarchie, mais cela marche plutôt bien. C'est comme si nous définissions deux mondes, et décidions quel objet appartient à quel monde. Le résultat a beaucoup d'énergie et de cohérence. | ![]() |
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Permutons les deux couleurs. À vous de juger... |
Une seule couleur : Violet. | ![]() |
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POV-Ray permet l'utilisation de multiplicateurs et de diviseurs sur les vecteurs (et donc les couleurs). Essayons d'altérer un peu chaque couleur à l'aide d'un coefficient. (Violet*1.2, Violet, Violet*1.5, Violet*2, Violet*1.1, Violet*1.5, Violet*1.3, Violet*1.8, Violet*3, Violet) Regardez comment cela apporte des nuances subtiles, sans grand effort. |
Même exercice, avec une amplitude plus importante (coefficients entre 1 et 10). | ![]() |
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Au secouuuurs ! |
Il est excitant de voir comment des changements de couleurs, mêmes minimes, permettent de raconter des histoires différentes...
L'eau n'est pas bleue, même pas totalement claire, le soleil n'est pas jaune, l'obscurité n'est pas noire, le papier et la neige ne sont pas blancs, etc, etc.. C'est important. Méfiez-vous des idées toutes faites sur la couleur des choses, et observez les choses, afin d'atteindre plus de réalisme ou de crédibilité.
Prenez une feuille de papier de votre imprimante, une feuille de papier à dessin, un papier imprimé depuis longtemps, une page de magazine, un verre de lait, une boule de neige (ou de glace à la vanille), un chat albinos,... Maintenant, est-ce que vous pouvez encore dire ce qui est blanc ? Plus blanc que blanc (air connu) ? La vérité, c'est qu'il y a autant de nuances de blanc qu'il y a de choses blanches dans le monde.
J'en profite pour signaler que, contrairement à ce que peuvent prétendre de vieilles badernes, le blanc EST une couleur, ou plutôt : les blancs SONT des couleurs. Les noirs et les gris aussi, d'ailleurs.
Et aussi : la lumière n'est pas blanche. Jamais.
Donc, une fois de plus, observez, observez, observez. Le choix d'une couleur ne doit rien avoir d'innocent ou d'automatique. Osez ruer dans les brancards, vous torcher avec les conventions, c'est dangereux, les conventions.
auteur : Fabien Mosen